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À LA MERVEILLE de Terrence Malick [critique]

À LA MERVEILLE de Terrence Malick [critique]

Avant visionnage de ce DVD (distribué depuis le 2 Octobre dernier par Metropolitan Filmexport et disponible aussi en Blu-ray, ce qui n'est pas négligeable même si l'on n'a que vaguement entendu parler de l'attention portée par le réalisateur aux prises de vue et à la lumière), j'avais préféré rester vierge de toute œuvre Malickienne (oui, même "Tree of Life" et "La ligne rouge", si si, c'est humainement possible d'être inculte à ce point).

Alors, que les autres novices se rassurent : ça ne fait pas mal du tout... et c'est même plutôt agréable à regarder.

Dans un premier temps, si l'on reste prosaïque, on peut carrément pousser le qualificatif jusqu'à... reposant ? En effet, sur 1h50 de film, il y a quand même une bonne moitié d'Olga-Marina qui virevolte sur elle-même, du champs de blé, de la musique, du nuage, du troupeau de bisons, du Paris sublimé, du cheveu dans les yeux... Bref du beau, du contemplatif, plein. Et puis, que dire du budget ventilo et de celui tissu rayon voile, voilure, voilage, soierie, jupon ?

Mais si on commence à réfléchir... On se dit qu'on n'a rien compris (ou pas grand-chose en tout cas).

C'est qu'il est déroutant, le Terrence, avec son absence de scénario et son montage minimaliste où il semble chercher à éluder toute forme de dialogues pour ne garder que le langage des corps, l'expression des visages (ou l'absence d'expressions... Sacré Ben Affleck), les mots qu'on dit avec les yeux quoi (on a les références musicales qu'on peut).

J'avouerai que je me retrouve donc toute déroutée... Disons que j'ai vécu ce film comme une expérience particulière, une façon différente d'appréhender le cinéma... Un film pour grandes personnes en somme. Le problème se situe alors dans le fait que je ne suis peut-être pas encore si grande et que je ne puis dire si j'ai suffisamment réussi à saisir le(s) message(s) que le réalisateur a cherché à véhiculer pour pouvoir véritablement apprécier l'ensemble.

Je crois en effet qu'au delà du film romantique (avec gloussements, jetés de tignasse sous tous les angles et dans tous les types de luminosité possibles et imaginables, enchaînements de phrases métaphysiques en voix off ("oui... non... peut-être... le feu ça brûle... la vie... l'eau ça mouille... l'amour... les sangliers volent de branche en branche...") et qu'on se tourne autour façon parade amoureuse digne d'un héron cendré... Bref tous ces artifices où on se croirait dans la pub pour Loulou de Cacharel... Ou dans la parodie des Nuls, au choix) il y a surtout quelque chose de plus profond : une histoire de solitude, d'introspection, de dépression aussi sûrement (elle passe de l'hystérie à l'euphorie puis au spleen la Marina... ou alors elle souffre de gros bouleversements hormonaux type syndrome prémenstruel, mais version perpétuelle). Ou comment aimer (ou croire que l'on aime) lorsque l'on n'est pas capable de s'aimer soi-même ? Ce qui fait écho à un autre questionnement, incarné par le prêtre cette fois : comment transmettre la foi quand on a perdu la sienne ?... Des gens qui s'égarent au final, qui se frôlent sans véritablement se toucher (ou au travers de quelque chose, cf budget voilage), qui ne partagent pas ou plus...

"Les amants", Magritte (1928).

"Les amants", Magritte (1928).

État de fait mis en valeur par toutes ces scènes où les personnages sont dans des pièces mitoyennes mais ne se voient pas ni ne se parlent, à la fois si proches et si loin...

Je ne saurais dire quelles sont les intentions de Terrence Malick mais j'ai ressenti une sorte de tristesse et de lassitude opposées à la beauté de l'image (sommes-nous incapables de remarquer ce qui est beau, de saisir le bonheur de l'instant, focalisés que nous sommes sur nos petits nombrils ?)...

Est-ce que tous les films 2014 traiteront de l'amour de façon aussi pessimiste ?

En attendant, tout ceci m'a quand même bien donné envie de me plonger plus sérieusement dans le travail de Monsieur Malick, de découvrir véritablement son œuvre.

Je remercie donc chaleureusement Cinétrafic et son opération DVDtrafic de m'avoir mis le pied à l'étrier : grâce à vous je vais enfin trouver la motivation d'aller jusqu'à mon étagère à DVD et d'insérer "Tree of Life" dans mon lecteur.

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