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PARIS, CAPITALE DU CRIME de Laurent Bergers (avec la participation mémorable de Frédéric Diefenthal) [critique]

PARIS, CAPITALE DU CRIME de Laurent Bergers (avec la participation mémorable de Frédéric Diefenthal) [critique]

Je pense que l'image promotionnelle (non contractuelle) ci-dessus illustre très bien le problème intrinsèque à ce DVD, en vente depuis le 5 novembre et distribué par M6-SND : en un mot (ou deux), Frédéric Diefenthal...

Comment peut-on faire cette tête de ravi quand on présente une docu-fiction qui s'appelle "Paris, capitale du crime" ?!?

Ainsi, suivant comment on se place durant le visionnage, les avis peuvent être diamétralement divergents mais complémentaires (c'est perturbant) : si l'on pense regarder une œuvre documentaire, c'est plutôt drôle et si l'on considère qu'il s'agit d'une comédie, c'est plutôt dramatique...

Je m'explique :

Du côté du doc, à l'ouest, rien de nouveau. Surtout si vous êtes habitués à bouffer du reportage dans le thème à base de tueurs en série sadiques, de braquages plus ou moins bien motivés (plus ou moins bien sanglants aussi) ou du joyeux petit monde de la pègre (à ce sujet, sous-titrer l'histoire du clan Zemour par "le Parrain version pied-noir", vraiment ?!? C'est Arcady qui vous a refusé la référence ou vous ne savez pas que "Le grand pardon" existe ?).

C'est donc bien là que le bât blesse : Hondelatte a complètement explosé la concurrence avec "Faites entrer l'accusé" ! Ce film n'apporte rien de neuf si ce n'est lorsqu'il aborde des histoires criminelles datant du début du XXème siècle (histoires non traitées par l'émission pré-citée donc). Il est vrai que, du fait de l'éloignement dans le temps, il s'agit de récits qui collent plus au format : on peut difficilement faire parler des témoins d'époque et on a logiquement assez peu d'images d'archives vidéo aussi. Ce sont donc des sujets qui peuvent être bouclés en 10mn alors que les grandes affaires comme Mesrine (un million de livres et de reportages + moult fictions dont au moins 2 films-fleuve) donne une grosse impression de bâclage (au mieux), de foutage de... (au pire). En effet, 90mn de film pour se consacrer à 10 histoires criminelles parisiennes-intra-muros, ça donne des sujets assez concis... pour ne pas dire complètement survolés :

1) intro par le Fredo dans un lieu typiquement parisien (les quais de Seine, la réplique de la bagnole dans laquelle l'ennemi public #1 a été descendu mais immatriculée 60 pour qu'on puisse bien voir que c'est une location, un Strip Club -on a d'ailleurs le sentiment qu'il se demande ce qu'il fout là ou s'il n'est pas sur fond vert-, ou un trottoir...) ;

2) évocation des faits en voix off avec images d'époque et/ou témoignage de quelqu'un lié à l'histoire de plus ou moins très loin (genre Vergès qui invente une plaidoirie qui n'a jamais eu lieu avec un parallèle avec DSK qui n'a rien à voir avec la choucroute ou un type qui habite maintenant dans la rue où ont eu lieu les crimes mais qui n'était absolument pas né lors de leur déroulement) ;

3) une conclusion toujours by Fredo (c'est un peu le héros du film) avec jeu de mot ou calembour à faire pleurer Karl Zéro (autre boute-en-train à s'être essayé à ce genre casse-gueule sur 13eme rue).

Mais ça aura au moins eu le mérite de m'apprendre que pendant la 2ème guerre mondiale sévissait un médecin, sorte d'anti-Robin des bois, qui asphyxiait (dans sa petite chambre à gaz perso) et volait les désespérés pour donner à lui-même, ou d'où et de qui vient le jeu de mot célèbre "il voulait être César, il ne fut que Pompée" et le pourquoi du comment.

Du côté de la comédie maintenant : pourquoi avoir choisi Diefenthal pour jouer ce rôle mi-"narrateur" mi-"enquêteur" (Hondelatte en plus jeune/plus brun/plus poilu au choix) si ce n'est pour donner au tout un aspect comique (involontaire) ? Pourquoi ce look "je me suis pas rasé et/ou lavé les cheveux depuis 3 semaines parce que je suis en planque à Pigalle" qui fait seulement crade à défaut de faire crédible ? Pourquoi a-t-on l'impression angoissante et douloureuse qu'il va s'étouffer à chaque monologue tant il semble essoufflé tout le temps (déconnez pas les gars, rendez-lui sa ventoline...) ? Pourquoi lui avoir confié du texte (bon, ok, c'est un peu le propre d'un narrateur mais c'est pas une raison : Donnez lui une oreillette ou un prompteur ou doublez-le en post-production ! Parce que c'est juste pas possible d'être si peu à l'aise et convaincu par ce qu'on raconte et d'hésiter comme ça au beau milieu d'une phrase... Il parvient même à être pire que Frédérique Lantieri -l'équivalent de Cerise de Groupama mais pour "Faites entrer l'accusé" : "C'est pas Cerise !!!!"- qui niveau commentaire monocorde se pose là) ? Pourquoi a-t-on la désagréable (mais désopilante) sensation que quelqu'un nous chuchote pendant 1h30 : "Con... Con... Con... Comme Émilien !" (parce que tu auras beau te laisser pousser tous les poils de la tête que tu veux, on t'as reconnu Frédéric, et que ta participation à la franchise Taxi, reste sûrement, sinon ton plus grand, ton meilleur rôle à ce jour, tant ta prestation y était parfaitement convaincante. Et n'y vois aucune forme d'ironie !) ?

Voici toute la problématique de la narration de ce film : c'est tout de même terrible d'être pris d'un fou rire irrépressible alors qu'on nous parle de Guy George ou de Thierry Paulin (d'accord, pas besoin de Diefenthal pour que ça me fasse rire ça), de 1908 ("la veuve rouge") à 2008 ("le taxi de la mort")...

Taxi dans lequel (pas exactement le même) tout finit (question de karma ?), dans une conclusion du meilleur goût (dans l'espoir que le Fredo croise la route de Bruno Cholet (ou de Samy Naceri) et n'en réchappe pas ?... Ou (être mauvais dans un rôle ne méritant pas forcément la peine capitale) qu'il cesse juste de vouloir faire son acteur sérieux, son "Tchao Pantin" ou son Lorant Deutsch (jouer les flics ou être passionné de criminologie ne faisant pas de vous un vrai flic... Niveau crédibilité c'est comme si Bernard Menez devenait homme politique quoi), qu'il soit fier de son potentiel comique !).

Bref, il faut tout de même louer le courage du réalisateur, Laurent Bergers, qui a tenté un concept original (c'est suffisamment rare pour le faire remarquer en ces temps troublés d'auto-plagiat et autres resucées toujours plus surprenantes de néant créatif), son rythme (qui fait que le temps passe plutôt vite, qu'on ne sombre pas dans une sorte de comas), même si c'était risqué tant le genre est éculé... et même si le résultat n'est malheureusement pas une franche réussite.

Peut-être, si l'idée lui venait de poursuivre l'expérience en faisant une sorte de "Guide du routard" du crime ("Bordeaux, sous-préfecture du crime" ou "Nancy/Metz/n'importe quel bled de Lorraine, chef lieu du crime", la quasi-totalité des émissions de faits divers semblant être sponsorisées par l'office du tourisme de cette région), modifier le casting en faisant appel à quelqu'un comme Dominique Rizet (alias Iznogoud, alias "l'homme qui lisait les rapports d'autopsie avant de s'endormir") par exemple, jouissant d'une sorte d'aura légitime et qui nous donnerait envie de l'écouter nous raconter ces histoires sordides sans se marrer...

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